Miranda

Le sculpteur est jardinier, il sème une graine d’idée dans la terre glaise humide et il la couvre d’un linge humide et la laisse germer dans son atelier, puis, délicatement, les mains boueuses, il guide l’inspiration vers la forme, et par chance elle prend racine, s’épanouit et répond tout en sensualité, il s’ensuit une danse entre les mains et la matière, le plus difficile et de savoir s’arrêter à temps sans figer l’idée dans la matière et laisser à celui qui regardera la sculpture la dernière touche...

Pour l’élaboration d’une sculpture en bronze, on procède par une étape intermédiaire entre l’original en glaise et la sculpture définitive en métal. C’est l’étape du modèle en cire, la plus secrète, gardée précieusement au tiède dans l’atelier à l’abri des regards, des rayons du soleil... C’est à ce moment-là pour moi que le travail commence vraiment, la sensualité de la cire, son extrême finesse se donnant avec grâce à toute transformation, malléable et plastique, elle imprime dans la matière les plus intimes détails.

Ce procédé antique est d’autant plus émotionnel qu’il est fugitif, le travail d’orfèvre dans la cire va disparaître, la cire dans sa coque de terre réfractaire va se liquéfier dans le four: c’est la fonte à cire perdue. La place ainsi libérée dans le moule pourra recevoir le bronze en fusion...